"Walden" 2017
Cette série de photographies est inspirée par Thoreau et son œuvre phare, Walden.
Elle se présente comme une narration, avec comme personnages principaux, mon compagnon et moi, dans la forêt de Rambouillet, au bord de ses étangs, sorte de doubles du lac de Walden : c’est le journal intime rêvé d’un dialogue, à partir de citations de Thoreau, à portée aussi bien écologiques que politiques. C’est donc aussi un manifeste.
Pour me donner à voir dans ce dialogue, j’ai fait en sorte que mon compagnon me fixe, quand je prenais les photographies : c’est son regard qui me confère ma place hors cadre. D’autre part, j’ai doublement exposé chaque négatif, de façon à faire intervenir mon point de vue sur la scène, et surtout à capturer les instants successifs de vie, comme dans un journal. Le livre de Thoreau se présente lui-même comme autobiographique. Ce caractère individuel et subjectif a une dimension politique pour lui, que j’assume également : c’est une façon de reconnaître l’entière responsabilité et liberté de chaque esprit, idée développée par Thoreau dans son manifeste sur la désobéissance civile.
Mais ce hors-champ qui me représente dans la photographie est aussi la place du spectateur qui regarde la série et qui se déplace d’une image à l’autre. J’intègre ainsi sa subjectivité, et essaie de le convaincre, en lui faisant endosser mon rôle, de la même façon que Thoreau emploie le « je » pour atteindre à l’universalité.
L’appareil photographique utilisé est à dessein un Holga, qui permet d’utiliser des pellicules 120 millimètres à moindre coût : Thoreau prône dans son livre le retour à la simplicité.
Les chemins de la philosophie parlent de Walden sur France Culture.