Je me lance dans la toile projetée mardi. Evidemment, je ne respecte pas exactement mon projet...Pour l'instant, je suis satisfaite du résultat, et c'est là tout le problème. Il va falloir poursuivre, détruire ce bel et simple équilibre, prendre le risque de rater la suite, et pour cela, se trouver dans un état de parfaite innocence, où l'on remet tout en jeu sans arrière-pensée, avec largesse, sans rechigner au prix de la toile, à la peinture, au fait qu'on ne pourra jamais recommencer exactement ce même début...Puis-je en rester là ? Non, car ce que j'ai à dire n'est pas encore présent. Mais l'idée qu'il me vient est d'essayer cette belle simplicité sur une autre toile...Je prends vite mon carnet.
Je tends trois des quatre toiles carrés 65 x 65 cm, dont j'ai fait mention hier.
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armand dupuy (dimanche, 07 août 2011 09:22)
"Il va falloir poursuivre, détruire ce bel et simple équilibre"... Le bel et simple équilibre se tient, en effet, mais c'est peut-être la facilité. J'ai toujours ces phrases à la bouche (je la citait encore une fois ici: http://motstessons.blogspot.com/2011/07/max-partezana.html): « L’oiseau cherche à se dégager de l’œuf. L’œuf est le monde. Celui qui veut naître doit détruire un monde ». Elle sont de Hermann Hesse (Demian) et plus jeune elles m'avaient vraiment marqué. Pour avancer, ne pas se contenter du bel et simple équilibre. Le mettre en cause.
Raphaële (dimanche, 07 août 2011 10:29)
Exactement,Armand : merci pour cette belle citation ! La facilité est le piège dans lequel il faut se garder de tomber : j'essaie en ce moment de sortir de mes propres ornières, de mes facilités, et c'est un sacré combat... :-)
Dupuy Armand (mardi, 09 août 2011 11:50)
Je suis en train de lire les derniers carnets de Du Bouchet. Je retrouve cette phrase que j'avais déjà lu chez lui, si je ne me trompe pas: "j'écris aussi loin que possible de moi / à bout de bras". Il y a de ça. Cette nécessité qui est aussi une impossibilité. Faire dans cette tension.
Raphaële (mardi, 09 août 2011 20:26)
je trouve très intéressant ce parallèle que tu établis entre la peinture et l'écriture, Armand, et je suis complètement d'accord avec toi : se déprendre de soi est impossible, et en même temps la seule chose à faire, si l'on veut créer. C'est pourquoi j'aime particulièrement la figure de l'oxymore..." A bout de bras" : la posture par excellence du peintre, qui, le pinceau à la main, envisage sa toile.